Quand des acacias d'Afrique sont broutés par des chèvres ou gazelles, ils opèrent des modifications chimiques de leur sève la rendant toxique pour les animaux. Ces derniers vont alors brouter un arbre voisin. Mais les acacias ont déjà modifié leur sève en quelques minutes La particularité des acacias est l'émission d'un parfum capté par les arbres proches qui deviennent soudain immangeables.
Les végétaux échangent divers types de messages. Par voie chimique, ils émettent des "bouquets" de composés organiques volatils (COV), des molécules gazeuses portées par le vent. Des milliers de COV différents existent : des terpènes présents dans les huiles essentielles; de l'éthylène émis en cas de stress; des green leaf volatiles au parfum d'herbe coupée; des phytohormones comme l'acide jasmonique… On identifie désormais des signaux chimiques très fins avec des appareils de chromatographie de plus en plus performants. On enferme la plante dans une enceinte et on capture, grâce à des adsorbants, les molécules émises. D'autres messages, plus difficiles à étudier, transitent par les racines. En 2010, une étude a ainsi montré comment la tomate malade alerte ses voisines via une mycorhize, un champignon, pour produire des défenses. Un réseau de filaments, comme un Internet souterrain!
D'autres langages semblent exister. En étudiant des plants d'arabettes des dames, "des chercheurs ont montré que lorsque leurs feuilles se touchent, la voisine le perçoit et relève sa feuille à la verticale, provoquant un changement de luminosité. Un carton rouge pour sa voisine qui freine sa croissance!". En 2012, d'autres chercheurs ont réuni des graines de piment et un pied de fenouil. Celui-ci était tantôt présent, tantôt absent, visible ou invisible. Toutes les voies de communication connues ont été "verrouillées" au moyen de caches et de cloisons. Or, à coup sûr, les piments ont détecté le fenouil! L'hypothèse des auteurs? Ils percevraient les ondes sonores. Des études ont déjà montré que les racines du maïs sont attirées vers certaines fréquences, ou que des plantes assoiffées émettent de petits claquements.
Sources B Werber et JDD
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